lundi 23 juin 2008

Le brut en hausse malgré la promesse de Riyad d'augmenter sa production


L'Arabie saoudite déteste les situations frontales. Elle l'a encore prouvé lors de la réunion sur l'énergie organisée sur son sol, dimanche 22 juin, à Djedda, et qui rassemblait à la fois des pays producteurs, des pays consommateurs et les principales compagnies pétrolières, pour envisager une réponse à la hausse continue des prix du pétrole.


Cette réunion convoquée de manière presque impromptue par le roi Abdallah, le 9 juin, n'avait-elle pour objectif que de donner au royaume saoudien – premier pays producteur au monde avec plus de 9 millions de barils par jour– l'occasion de faire la preuve de sa bonne foi ? Le maigre bilan des débats plaide plutôt en ce sens.


Le communiqué final, s'il évoque un éventuel accroissement de la production mondiale liée à des efforts d'investissements, se contente d'en appeler à une plus grande transparence des marchés et à leur meilleure régulation. Une réunion similaire devrait être organisée à Londres cette fois avant la fin de l'année, à l'invitation du premier ministre britannique Gordon Brown, lui-même présent à Djedda.


Sur le fond, deux thèses se sont une nouvelle fois affrontées dimanche : les pays consommateurs expliquent la hausse par une carence en approvisionnement, compte tenu, notamment, des nouveaux besoins énergétiques de l'Asie. Les pays producteurs considèrent au contraire qu'ils extraient assez de pétrole pour répondre à la demande, mais que les capacités de raffinage, notamment pour les pétroles lourds, sont trop limitées.


Ils mettent surtout en cause les déséquilibres américains, et notamment la baisse du dollar, qui ont poussé, selon eux, les spéculateurs à privilégier cette matière première. Samedi, à la veille de l'ouverture de la réunion, le secrétaire américain pour l'énergie, Samuel Bodman, et le ministre saoudien du pétrole, Ali Al-Naimi, ont défendu âprement leurs positions sans pouvoir parvenir à un compromis.


LA RESPONSABILITÉ DES SPÉCULATEURS


Dimanche, en ouverture des débats, le roi Abdallah a donc repris la thèse saoudienne de la responsabilité des spéculateurs, indiquant que son pays avait déjà porté sa production à 9,7 millions de barils, tout en annonçant plusieurs initiatives pour venir en aide aux pays les plus défavorisés et dont les économies sont fragilisées par le niveau actuel des prix de l'énergie.


Le roi Abdallah a notamment mentionné la création d'un fonds de soutien d'un milliard de dollars (642 millions d'euros) par l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) et le versement de 500 000 dollars via le fonds saoudien pour le développement.


Dans l'après-midi, conscient de la responsabilité qui repose sur son pays, le seul à disposer aujourd'hui de véritables marges de manœuvres, le ministre saoudien du pétrole a assuré que son pays s'efforcerait de produire à terme 2,5 millions de barils supplémentaires pour le cas où la demande exigerait une telle augmentation. Mais il n'a fait en la matière que réitérer un engagement ancien, pour lequel les Saoudiens ont d'ailleurs déjà annoncé l'investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars.


Ali Al-Naimi a évoqué un éventuel accroissement de la production saoudienne de 2,5 autres millions de barils, mais au terme d'investissements qui restent pour l'heure à l'état de projets. Le ministre saoudien a d'ailleurs été le seul, parmi les responsables des pays producteurs présents à jedda, à évoquer une hausse de la production.


Ces promesses seront-elles suffisantes ? Les annonces en mai, à l'occasion d'une visite du président américain George W. Bush, puis en juin, de 300 000 et de 200 000 barils saoudiens supplémentaires, n'avaient eu aucun impact sur les marchés. Le vice-ministre saoudien de l'énergie, le prince Abdelaziz Bin Salman, avait d'ailleurs anticipé un tel scénario, samedi, en assurant que l'absence de résultats immédiats sur les cours ne signifierait pas, selon lui, un échec de la réunion de Djedda.


Dans les couloirs de cette réunion, dimanche, le président de l'OPEP, l'Algérien Chakib Khelil, a exprimé ouvertement le doute qu'elle puisse suffire à rassurer les marchés et à entraîner un repli des prix. Lundi matin, en Asie, les cours du brut étaient orientés... à la hausse.



Djedda (Arabie saoudite)

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